Etre une personne âgée au Maroc

Un lecteur dans un forum, en réagissant à mon propos sur une nécessaire prise en compte des problèmes liés à la vieillesse au Maroc, n’avait rien à m’opposer si ce n’est que chez nous au Maroc : »les vieux étaient dans leurs familles ». Ma réponse à son commentaire n’a pas pris une ride et reste dans le vif de l’actualité et c’est autant un message de lucidité que d’espérance pour les personnes âgées au Maroc.

Réflexions sur des standards gérontologiques au Maroc

Vieillir chez soi ou chez ses enfants (chez l’ainé comme le voulait la tradition le plus souvent), c’était certainement vrai et nous le pensions et continuons à le penser, à le souhaiter, mais les choses changent tant par nécessité qu’au prix d’évoluions diverses que connaît le Maroc. Nos réalités sociales et les comportements des individus sont en constante transformation et ce n’est pas un caprice « d’occidentalisé ou d’acculturé » de dire que nous avons des personnes âgées dont il faut nous occuper.

Qui aurait pu penser il y a peu de temps encore que les gens au Maroc parlent de leur retraite comme situation sociale à part ou critique, comme moments difficiles et jonchés de difficultés matérielles ou de revenus afférents à la retraite, et enfin d’activités socioculturelles à réinventer pour les vieux ou autres ?

Il n’est plus vrai du tout que toutes les familles soient encore suffisamment en capacité pour continuer à prendre en charge un parent de plus en plus âgé, avec des fragilités liées à l’âge, à un état de santé délabré et sans ressources ou très peu.

Quel avenir pour nos personnes âgées ?

Nous avons à réfléchir sur comment faire pour que le tissu social et familial retrouve ou ne perd pas sa cohésion et sur comment tout en apportant des aides de plus en plus nécessaires parce qu’elles correspondent à des besoins jusqu’alors ignorés. Nous avons l’obligation de réfléchir sur une réelle politique médico-sociale de la vieillesse, non pas parce qu’il faut faire comme chez les autres mais parce qu’elle s’impose du fait de réalités démographiques, sociales et sanitaires.

Quelle politique gérontologique avons-nous en place pour les 2,7 millions des 60 ans et plus actuellement ; ou en préparation pour les 5,8 millions des 60 ans et plus annoncés pour 2030 ? Et c’est juste demain ! Où sont les programmes de prévention contre un mauvais vieillissement ? Où sont les actions de préparation à la retraite ? Où sont les formations des acteurs qui pourront assurer un maintien à domicile et venir en aide à des gens de plus en plus fragiles ? Nous n’échapperons pas non plus à réfléchir sur « un minimum de ressources garanties, pour protéger notre cohésion sociale et donner une dignité à tous ceux qui n’ont rien ou très peu. Il est temps que nous réalisons que (Ridate al Walidine) est une chose et une politique médico-sociale de la vieillesse est une autre. Le 30 juin et 1er juillet 2012 et à l’occasion de la tenue du 1er Forum des Compétences Médicales Marocaines du Monde à Casablanca, nous avons présenté un plan gérontologique et émis le souhait de voir se développer des partenariats ou des échanges autour de cette problématique d’avenir. Nous ne perdons pas l’espoir que des synergies peuvent voir le jour dans un avenir qui ne saurait tarder.