Lettre à un journaliste distrait ! (*)

Monsieur le rédacteur en chef,

Je remercie votre journal de l’intérêt qu’il a bien voulu accorder à la situation des retraités et personnes âgées marocaines en France. Cependant l’article publié le 3 mars 2016 nous semble pécher par son excès d’enthousiasme concernant une mesure qui posait question avant son application et dans sa mise en œuvre toute récente. Il serait utile de rappeler également que le parlement français ne vote pas de loi par nationalité ou dédiées à des nationalités sans d’autres. Ceci serait discriminant et contraire à la loi.

Par ailleurs votre article attribue au Maroc une responsabilité dans le vote de cette loi. Il est imprudent de laisser croire que notre pays décide pour la situation de tous les immigrés retraités en France. Ce d’autant que la masure en question a été décidée en 2005 pour ne voir son décret d’application qu’en 2016.

Au sujet de la prestation récente (ARFS), mise en place à partir du 1er janvier 2016, destinée aux retraités immigrés (et pas uniquement les marocains) qui souhaitent résider plus longuement dans leur pays d’origine (ARFS), il apparaît clairement que cette prestation pose plus de problèmes qu’elle n’apporte de solutions appropriées, et ce pour plusieurs raisons :

  • Concernant exclusivement les personnes qui vivent dans les foyers et en résidence sociale, elle exclut de fait toute la population résidant dans le logement ordinaire, et notamment les femmes sans ressources ;
  • Son plafonnement à 550 euros qui risque de léser beaucoup de personnes à faibles ressources ;
  • Les contraintes liées au séjour dans le pays d’origine ne tiennent pas compte des aléas de la vie et restreint la mobilité ;
  • Son manque de lisibilité concernant la couverture maladie et la perte de son bénéfice en cas d’installation définitive au Maroc ;
  • La possibilité de rétractation pour recouvrer l’ensemble des droits préalablement acquis.

Il est à noter également que cette mesure, dans sa traduction sur le terrain, fasse craindre le risque des déconvenues entraînées par la mise en place, à une autre époque, du titre de séjour « retraité » pour les personnes ayant choisi de résider hors de France, lequel nécessitait le recours au contentieux pour retrouver en France un titre de séjour « ordinaire » et les droits afférents à ce dernier.

Je vous assure, Monsieur le rédacteur en chef, de l’expression de mes cordiales salutations.

(*): En réponse à un article parue dans Aujourd’hui le Maroc du 2 mars 2016